Néo Paris : worldbuilding partie 3

Préambule
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Pour rappel, l'écriture du premier jet de ma nouvelle Aladin à la sauce cyberpunk a révélé des manques dans le worldbuilding de Néo Paris. Si vous l'avez manqué, j'ai écrit un débrief à ce sujet :

Je me suis fixé comme objectif de pallier ces manquements le plus rapidement possible pour pouvoir attaquer le deuxième jet sans longue interruption. Le premier manquement était le besoin d'avoir une carte de Néo Paris.
Passion cartographie
Est-ce que vous avez déjà griffonné des cartes d'univers imaginaires (fantasy, SF, ou même contemporain) ? C'est une activité que j'ai beaucoup pratiquée lorsque j'étais adolescent, une activité qui peut s'avérer très chronophage et sans fin, un peu comme la réécriture quoi. C'est une activité qui a sa communauté (sur Reddit par exemple) et même quelques personnes jouissant d'une petite renommée en France, comme le dessinateur Pablo Raison.
Bref, tout ça pour dire que je ne peux pas me permettre de passer six mois à faire une carte de Néo Paris. À la place, j'ai bricolé un truc vite fait. J'ai déniché quelques cartes en SVG de l'Île-de-France, de ses forêts, de son réseau ferré, de ses revenus moyens par commune. J'ai superposé tout ça dans un logiciel gratuit de dessin vectoriel (Inkscape) et j'ai découpé des zones en essayant de suivre quelques règles "logiques" que je vous donne un peu plus loin.
Je vous recommande d'avoir lu worlbuilding partie 2 pour avoir en tête le découpage géographique de Néo Paris (la zone active, la zone morte, les différents secteurs).

Sans plus attendre, voici la première carte officielle de Néo Paris :

Légende
- Les zones dorées représentent les secteurs privilégiés, c'est-à-dire les secteurs réservés aux oligarques, les quelques milliers de citoyens possédant le foncier et les mégacorporations.
- Les zones bleues représentent les secteurs centraux, c'est-à-dire les secteurs réservés à ce qu'il reste de l'appareil gouvernemental et aux fonctionnaires.
- Les zones grises représentent les secteurs industriels. Ce sont des endroits couverts d'usines (dark factories, entièrement automatisées), de fermes verticales, de centrales électriques (des Small Modular Reactor, c'est-à-dire des mini centrales nucléaires) ainsi que toutes les infrastructures vitales pour le fonctionnement de Néo Paris : centres de recyclage, stations d'épuration et traitement de l'eau, etc.
- Les zones hachurées rouges représentent la zone morte, c'est-à-dire les secteurs de Néo Paris abandonnés par le gouvernement et les mégacorporations. Les habitants de ces secteurs sont livrés à eux même et n’ont plus, dans la majorité des cas, accès à l'électricité, à l'eau courante et à toutes les infrastructures permettant à une zone de population dense de prospérer.
- Les lignes colorées représentent le système ferroviaire de Néo Paris. J'ai utilisé les tracés actuels en incluant le grand Paris. On pourrait imaginer que des lignes supplémentaires ont ouvert dans le futur.
- Les zones rouges/roses sont à ignorer, c’est un des fonds de carte que j’ai utilisés. Elles représentent la densité des constructions aujourd'hui. J'imagine qu'en 2150, ce sont les secteurs les plus denses.
- Les zones vertes représentent les endroits boisés aujourd'hui et qui le sont toujours en 2150. Ces zones devraient être plus étendues et recouvrir l'essentiel des secteurs privilégiés.
Les secteurs privés et résidentiels sont présents là où il n’y a ni secteur privilégié, ni secteur central, ni zone industrielle, ni zone morte.
Les règles de conception
- Les oligarques se sont approprié toutes les zones boisées ou actuellement riches (l'ouest de Paris, Versailles, Fontainebleau, etc.).
- Les secteurs industriels ont principalement émergé dans les zones qui étaient peu urbanisées avant 2030.
- Les secteurs ont progressivement été abandonnés en commençant par les bordures de Néo Paris, sauf pour les oligarques qui gardent jalousement leurs secteurs, quitte à ce que personne n'y vive.
- J'ai essayé de faire en sorte qu'il n'y ait pas de "poche" de zone morte isolée. Mais on peut imaginer que, dans un état antérieur de Néo-Paris, de tels endroits existaient.
Ce qu'il manque à cette carte
Le principal manque à cette carte serait d'avoir chaque secteur résidentiel, privilégié, central, industriel, d'activités privées, délimités et nommés. Mais cela prendrait beaucoup de temps, je me contenterai donc pour l'instant d'en définir quelques-uns pour les besoins de ma nouvelle.
Cette carte manque également d’un découpage « politique », c’est-à-dire quels secteurs font allégeance ou appartiennent à quelles mégacorporations. Cela pourrait servir de toile de fond pour les tensions entre celles-ci.
Cette carte manque également d'un fond de carte plus révélateur de la très haute densité de construction ainsi que de la végétalisation de Néo Paris. La verdure est omniprésente dans les secteurs privilégiés, très présente dans la zone active et elle reprend ses droits dans la zone morte (sauf dans les friches industrielles les plus polluées).
Malgré tout, cette carte suffira pour l'instant. Je vais pouvoir définir où se déroule la nouvelle et exploiter / utiliser / modifier les noms des différentes communes pour nommer les communautés. Ces dernières ont une place importante dans le début de ma nouvelle. J'aimerais donc ajouter quelques éléments à leur propos et à ce qu'on trouve dans la zone morte en général.
Ceux qui habitent dans la zone morte
Dans mon billet sur le worldbuilding partie 2, j'ai catégorisé les habitants de la zone morte en trois groupes : les solidaires / pacifistes, les errants et les gangs. Les deux derniers n'ont pas changé, mais, pour le reste, ma vision a légèrement évolué.
- Les frontaliers : nouveau groupe qui comporte tous ceux qui vivent à la frontière de secteurs de la zone active. On trouve parmi les frontaliers beaucoup de personnes ayant perdu la citoyenneté (c'est-à-dire leur travail) récemment. Les zones frontalières sont régulièrement visitées par des citoyens de Paris, car on peut y trouver des exutoires à tous les vices : casinos et jeux d'argent, prostitués et prostituées, combats illégaux, alcool et drogues à moindres coûts. Les frontaliers vivent des "services" qu'ils rendent aux citoyens. Grâce à cela, les endroits qu'ils occupent ont parfois encore accès à l'électricité et l'eau courante.
- Les communards : nouveau nom pour le groupe des solidaires / pacifistes. Les communards vivent en communautés autonomes, soudées, solidaires, débrouillardes et n'ayant pas de hiérarchie (ce qui colle avec leur nom). Les communautés sont souvent nichées dans des complexes immobiliers abandonnés et sont entourées de barricades dont les portes sont fermées la nuit. Ces mesures de précautions servent à se protéger des attaques des gangs ou plus fréquemment des voleurs opportunistes ou professionnels.
Il me manque toujours un nom définitif pour ces habitants de la zone morte. Je n'ai pas trouvé mieux que les non-citoyens ou incitoyens. J'imagine également que les citoyens les plus méprisants pourraient les appeler les rats.
Violence du futur
Il y a quelques scènes de violence dans ma nouvelle et je suis tombé dans le travers de les écrire avec les technologies et les techniques d'aujourd'hui (tout du moins celles que l'on voit dans les films et les documentaires). Je dois faire plus de recherches sur le sujet et il se trouve que je suis tombé sur un texte très intéressant dans un article du Monde :
L’explosion d’un énorme pétard artisanal ne fait pas ciller les gendarmes mobiles caparaçonnés, disposés à l’angle de la place de la République et de la rue du Temple, dans le 3e arrondissement de Paris. Sous leurs casques, un dispositif acoustique de dernière génération a isolé leurs tympans en une milliseconde au moment de la déflagration. Sur les ondes, un drone équipé d’un système de comptage de la foule par intelligence artificielle (IA) annonce d’une voix synthétique : « Volume des éléments hostiles, 56. »
En quelques « plop » assourdis, les lance-grenades saturent la zone d’un gaz incolore et inodore, dépourvu de tout agent irritant, mais qui persuade le cerveau du contraire. Titubant, trois émeutiers sont atteints par des tirs de billes remplies d’ADN synthétique appliqués par un drone tactique. Invisible à l’œil nu, ce produit marquant codé sera révélé sur leurs vêtements deux jours plus tard par les lampes à ultraviolets d’enquêteurs spécialisés.

Espérons que l'état français sera toujours du côté de son peuple (🙃), car c'est assez effrayant !
Cependant, cette scène est très inspirante pour le worldbuilding de Néo-Paris. En remplaçant les humains par des robots, hormis le chef qui supervise tout depuis son centre de contrôle avec l'assistance d'une intelligence artificielle spécialiste en stratégie et contrôle de la foule, je pense qu'on a quelque chose qui colle bien. Vous en pensez quoi ?
Épilogue
Une étape de réalisée avant de pouvoir écrire un deuxième jet. La prochaine : définir tous les personnages manquants. Le prochain billet sera probablement un billet technique, pas lié directement à ma nouvelle. Sauf si je décide une fois de plus de consacrer toute mon énergie à la réécriture. Dans tous les cas, je vais tâcher de vous tenir informé !
Si vous êtes encore là, merci d'avoir pris le temps de me lire ! 😊
Fin.
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