Projet 7NP : Rags to riches

Rags to riches, seconde intrigue fondamentale & Aladdin à la sauce cyberpunk.

Projet 7NP : Rags to riches

Pré-préambule

Dans mon précédent billet, je vous présentais l'intrigue fondamentale "Overcoming the monster" et son utilisation dans mon projet 7NP. Petit à-propos : Je vous y ai parlé du film Les Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa. Saviez-vous qu'était sortie très récemment une revisite de cette histoire ? Je ne parle pas du remake de The Magnificent Seven (l'original pouvant quasiment être considéré comme la version américaine des Sept Samouraïs), mais de Rebel Moon de Zack Snyder. Vous y retrouverez les mêmes éléments clés :

7 héros & 1 fermier ☝️

L'histoire a été découpée en deux films. Les versions originales ont fait un flop (probablement à raison). Les director's cut sorties plus récemment sont bien plus sympa. Personnellement, j'ai apprécié les regarder (même si c'est TRÈS long : 2x3h). J'ai particulièrement aimé le world building. L'hypernavigation qui fonctionne grâce à des divinités interdimensionnelles enfermées dans les vaisseaux et nourries avec les dépouilles des ennemis du Motherworld, 🤯 !

Préambule

Octobre défile à toute vitesse. Ma productivité n'est toujours pas au beau fixe pour à peu près les mêmes raisons que le mois précédent, si ce n'est qu'un autre jeu vidéo chill bambin friendly à remplacé Caravan SandWitch : Outer Wilds.

C'est l'un des jeux les plus incroyables auxquels j'ai pu jouer et je pèse mes mots. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas déjà, il s'agit d'un jeu d'exploration / enquête dans un système solaire miniature. La particularité étant que le jeu se réinitialise toute les 22 minutes et qu'on ne conserve rien d'une boucle de jeu à l'autre. En ce sens, il s'agit d'un rogue like. Il y a pourtant beaucoup de choses à explorer, les créateurs ont rivalisé d'imagination pour permettre au joueur d'aller plus loin à chaque fois.

L'extension, Echoes of the Eye, pousse le concept du "toutes les réponses sont là depuis le début" encore plus loin. Les créateurs sont des maîtres dans l'art de cacher des trucs juste sous votre nez, c'est un cas d'école de level design. En plus, cette extension intègre un de mes setup préférés en science-fiction : un ring world.

Le jeu est né sous la forme d'un projet étudiant, puis a été concrétisé par un petit studio fondé par l'acteur qui joue Hiro Nakamura ! Il a été GOTY face à des AAAs. Il contient de la vraie mécanique spatiale (les joueurs de KSP connaissent), de la mécanique quantique utilisée avec intelligence, et permet de griller de chamallows en regardant le soleil devenir supernova. Je ne peux que vous le recommander. Si vous voulez en savoir plus, c'est par là 👇


Mon ambition folle de commencer à rédiger pendant le Novel Writing Month en novembre est... Comment dire ? Irréalisable ? Les 7 intrigues de mon projet ne seront pas toutes définies, sans parler de la construction de la multitude de personnages et de la nécessité de faire quelques recherches pour la cohérence de l'univers. Mais bon, il suffirait de boucler une des histoires.

Je ne tergiverserais pas plus longtemps, passons directement à la structure narrative que je vais vous présenter aujourd'hui.

Rags to riches

L'intrigue "Rags to riches" ("de la misère à la richesse") est la deuxième des 7 intrigues de base telles que définies par Christopher Booker (j'insiste sur le "telles que définies par" parce qu’il y a d'autres façons de formaliser les intrigues classiques). Le principe est assez simple : le protagoniste va s'élever d'une condition d'existence misérable, au début essentiellement grâce à la chance, puis grâce à ses propres capacités.

Je vais vous détailler les grandes étapes avec un exemple que vous connaissez probablement : Aladdin (l'intrigue "rags to riches" est fréquente dans les contes).

Aladdin ou la Lampe Merveilleuse

J'utiliserai pour l'exemple le conte original et non la version Disney (qui est aussi vraiment chouette et qui colle encore plus à la structure. Ils savent suivrent des plans à Hollywood).

Aladdin ou la Lampe merveilleuse est un conte traditionnel arabo-perse. Contrairement à la croyance populaire, il ne fait pas parti originellement des contes des Mille et Une Nuit. Il y a été ajouté ultérieurement avec la traduction française faite par Antoine Galland au 18e siècle.

Je vous fais un résumé honnête pour que vous ailliez bien en tête les grandes lignes de l'histoire. Mais vous pouvez passer directement à la suite si ce qui voulez tout de suite qu'on parle structure.

Aladdin dans le jardin magique, illustration de Max Liebert (1912)

Résumé honnête

Aladdin est le fils d'un tailleur pauvre qui vit en Chine (le déroulement en péninsule arabique est une modification de Disney). Aladdin est un petit con. Ses parents ont lâché l'affaire quant à son éducation et il passe son temps à glander ou à zoner dans les quartiers. Son père meurt. Sa mère galère.

Un jour, un "sorcier africain" (comprendre qu'il vient du Maghreb) débarque et prétend être son oncle venu d'Afrique. Aladdin et sa mère le croient, surtout parce qu'il leur donne plein d'argent. Le sorcier fait mine de former Aladdin au métier de marchand. Pour une fois Aladdin accepte d'être éduqué, encore une fois parce le sorcier lui donne plein d'argent.

Bientôt le sorcier mène Aladdin à une caverne magique piégée dans laquelle, pour une raison scénaristique, il ne peut pas entrer. Aladdin doit y récupérer une lampe magique (avec un génie dedans). Pour l'aider dans cette mission, le sorcier donne à Aladdin un anneau magique (avec un génie dedans, mais moins puissant).

Aladdin récupère la lampe magique et cueille des pierres précieuses dans les arbres d'un jardin magique. Mais pour sortir de la grotte, il a besoin de l'aide du sorcier (parce qu'il n'a pas percuté qu'il possède un anneau magique ET une lampe magique). Scène classique : le sorcier lui demande de d'abord donner la lampe, puis il aidera. Aladdin a quand même un peu de jugeote et sent le coup foireux, donc il refuse. Le sorcier ragequit : il enferme Aladdin dans la caverne et retourne en Afrique.

Aladdin poirote quelques jours (parce qu'il n'a pas percuté qu'il possède un anneau magique ET une lampe magique). Sans faire exprès, il frotte son anneau magique et, là, tada, un génie apparaît. Il rentre chez lui grâce à sa magie.

Quelques temps plus tard, la mère d'Aladdin souhaite nettoyer la vieille lampe qu'a ramenée Aladdin pour la vendre. En la frottant, elle révèle le génie qui est dedans (et tombe dans les pommes).

Pendant plusieurs années, Aladdin et sa mère vivent agréablement grâce à la meilleure combine du monde : quand ils n'ont plus plus de nourriture et d'argent, Aladdin demande au génie de faire apparaître un festin. Lui et sa mère mettent plusieurs jours à le manger. Puis il va vendre l'argenterie (en se faisant plumer au passage). Bis repetita. (Il percutera plus tard qu'il peut demander directement de l'argent au génie)

Un jour il croise la fille du sultan, la princesse Badroulboudour. Il la mate quand elle va aux bains publics (privatisés pour madame). Les mœurs de l'époque étant ce qu'elles sont, il décide de tout faire pour convaincre son père de la lui donner (en mariage).

Il envoie sa mère en émissaire au palais du sultan avec plein de pierres précieuses. Le sultan aime bien les pierres précieuses, mais problème, il a déjà promis de marier sa fille au fils de son grand vizir (qui est plutôt sympa dans cette version). Le sultan noie le poisson en demandant un délai de trois mois à la mère d'Aladdin pour pouvoir garder les pierres précieuses. Puis il marie sa fille au fils du vizir.

Aladdin ne se laisse pas faire. Pour empêcher le mariage d'être consommé (et donc d'être valide), il va grâce au génie kidnapper trois soirs (règle de 3) de suite les amoureux. Aladdin envoie le fils du vizir dormir dans le froid alors qu'il s'installe dans le lit à côté de la princesse. Même s'il compte bien se l'approprier bientôt, en homme très raisonnable, il ne profite pas de la situation.

Bref le mariage est annulé. Les trois mois passent et la mère d'Aladdin retourne voir le sultan. Il n'est pas chaud pour marier sa fille à n'importe qui et la fixe donc à un prix exorbitant. Grâce au génie de la lampe, Aladdin résout ce problème et se présente au palais du sultan en grande pompe (un peu comme dans la musique). Le sultan est rassuré, Aladdin a vraiment plein de tunes, donc c'est un bon parti.

Aladdin utilise le génie pour construire un énorme palais en une nuit. Ça ne choque personne parce qu’apparemment c'est le genre de truc qu'on peut faire quand on a plein d'argent. Il se marie et tout se passe bien (et la princesse n'a pas reconnu Aladdin comme étant celui qui l'avait kidnappé trois nuits de suite).

Retour du sorcier qui a eu vent des exploits d'Aladdin. Il attend qu'Aladdin parte à la chasse et récupère la lampe magique en fourvoyant la princesse. Ensuite le sorcier se téléporte en Afrique avec le palais et la princesse.

Le sultan, en homme raisonnable, décide de faire exécuter Aladdin dès son retour de la chasse parce que c'est sans doute de sa faute si la princesse a disparu. Problème : Aladdin a la sale habitude de se promener en ville en jetant des pièces d'or à tout va. Donc, le peuple se met méchamment en colère en apprenant que la poule aux œufs d'or va passer sur le grill. Le sultan, en homme raisonnable qui ne veut pas perdre sa tête, donne un délai à Aladdin afin de résoudre cette affaire. S’il échoue, couic quand même.

Aladdin galère. Aladdin se souvient enfin qu'il a un anneau magique avec un génie dedans. Problème : le génie de l'anneau ne pas pas "défaire" ce que le génie de la lampe à fait, càd faire revenir le palais et la princesse, mais il peut emmener Aladdin en Afrique. Aladdin retrouve la princesse et à partir de là c'est elle qui fait le reste du boulot. Aladdin lui donne une dose mortelle de poison et la princesse séduit le sorcier avant de le lui faire boire. Aladdin utilise la lampe magique pour ramener le palais et tout ce petit monde en Chine. Tout est bien qui finit bien ? Pas encore.

On découvre que le sorcier avait un frère et que ce dernier est bien décidé à le venger. Bref il débarque, arrive à s'introduire dans le palais d'Aladdin, arrive à neutraliser les génies avec une ruse mais finit poignardé par Aladdin.

Tout est bien qui finit bien et Aladdin devient sultan des années plus tard.

Structure de "rags to riches"

Initial wretchedness (la misère initiale) at home and the "Call"

Situation initiale : on découvre notre protagoniste qui vit dans "la misère". Comme d'habitude, cela peut être au sens propre comme au figuré. Il peut s'agir d'un personnage dans une période creuse de sa vie, déprimé. Mais il peut également s'agir d'un orphelin vivant littéralement dans la misère. Il est fréquent que le protagoniste soit dans l'ombre d'autres personnages "maléfiques" (comme Cendrillon avec sa belle-mère et ses belles-sœurs).
Ensuite vient l'appel, événement déclencheur qui va briser le statu quo de la situation initiale. Appel qui sera classiquement refusé plusieurs fois avant d'être accepté.

Dans notre exemple, Aladdin est orphelin sans éducation de père et vit aux crochets de sa mère qui peine à les faire vivre. Il est miséreux et n'a pas d'avenir.
Arrive le sorcier d'Afrique qui se fait passer pour son oncle et propose de le prendre sous son aile pour en faire un marchand. Si Aladdin a quelques doutes au début (refus de l'appel), il finit par accepter devant l'étalage de la richesse du sorcier.

Out in the world, initial success

Notre protagoniste affronte quelques épreuves et il les passe avec succès, même s'il s'agit plus de chance que de talent. Il reçoit une grande récompense (disproportionnée par rapport à l'effort qu'il a fourni). À cette étape notre protagoniste peut rencontrer son prince / sa princesse. Il peut égaler affronter son antagoniste (métaphorique ou littéral) et le vaincre (mais c'est une victoire temporaire).

Aladdin réussit à obtenir la lampe magique dans la caverne sans déclencher les pièges qui y sont présents. Puis il "vainc" du sorcier en refusant de lui donner la lampe. Enfin, il arrive a rentrer chez lui grâce en découvrant le pouvoir de l'anneau magique.
Aladdin a triomphé des premières épreuves et a vaincu (temporairement) le sorcier. Mais c'est une victoire facile : pour ne pas déclencher les pièges de la caverne, il lui a suffi de suivre les instructions du sorcier et de ne toucher à rien. Aladdin a ensuite su faire preuve d'un peu de jugeote pour ne pas tomber dans le piège du sorcier, mais là on pouvait sentir l'embrouille à plein nez. Et enfin il n'a pas pensé à se servir par lui-même de l'anneau magique pour s'échapper, il l'a "activé" en se frottant les mains parce qu'il avait froid.
Pour ses "efforts", sa récompense est bien grande.

Par la suite, il rencontre sa princesse, la fille du sultan Badroulboudour. Il triomphe d'une nouvelle épreuve : empêcher son mariage avec le fils du vizir. Encore une fois, il se contente d'utiliser son génie pour cela et ne fait pas réellement d'effort.

Enfin, pour pouvoir obtenir sa main, il doit triompher de l'épreuve donnée par le sultan. C'est-à-dire lui montrer qu'il est plein aux as. Le génie résout une fois de plus ce problème.

Bref, tout se passe trop bien, trop facilement.

The central crisis

C'est le point de bascule de l'histoire où d'un seul coup, tout va mal. L'antagoniste réapparait et cette fois notre protagoniste est vaincu. Il perd ce faisant tout ce qu'il a gagné depuis le début de l'histoire. C'est le point où notre héros ou héroïne est au plus bas, au comble de son désespoir.

Dans notre exemple, le sorcier revient en l'absence d'Aladdin et manipule la princesse pour qu'elle lui remette la lampe magique. Puis il retourne en Afrique en emmenant avec lui la princesse et le palais. Aladdin a perdu sa princesse, la source de sa fortune et son palais. Il a même perdu l'amour / la confiance du sultan qui, le tenant pour responsable de la disparition de sa fille, veut le faire exécuter immédiatement.

Independence and the final ordeal

Le héros ne bénéficie plus de la chance / la facilité qui l'a permis de triompher des épreuves initiales. Désormais il doit faire face seul et ne compter que sur ses propres capacités. Cette étape se conclut généralement par un combat final contre l'antagoniste.

Aladdin triomphe de sa première épreuve, ne pas être exécuté séance tenante par le sultan, grâce à sa générosité. En effet, dans la première partie de l'histoire, il a pris l'habitude de distribuer sa richesse au peuple, c'est une qualité propre qu'on ne peut pas lui enlever.

Ensuite, il tente de trouver la trace de son épouse et du palais. Il comprend que la source de son malheur est le sorcier africain. Il se souvient alors qu'il a le génie de l'anneau à sa disposition. Mais ce dernier ne peut pas défaire ce qui a été fait par le génie de la lampe, il peut uniquement l'emmener jusqu'à son palais. À partir de là, Aladdin devra prendre le relais.

Il arrive à s'introduire discrètement dans le palais (en vrai, il n'y a pas de challenge) et il retrouve la princesse Badroulboudour. Il va convaincre cette dernière de séduire le sorcier pour pouvoir l'empoisonner (succès personnel trèèèèès indirect). Puis il récupère la lampe magique, ce qui lui permet de retourner en Chine.

Pourtant l'affrontement final reste à venir. Le sorcier avec un frère, plus puissant, plus maléfique, qui compte bien évidemment venger son frère. Ce dernier, ayant pris l'apparence d'une sainte de ville, se fait convier au sein du palais par la princesse Badroulboudour (encore de sa faute). Par une ruse, le sorcier arrive à neutraliser les génies, mais le génie de la lampe prévient tout de même Aladdin du danger. Ce dernier règle le problème en attaquant le frère du sorcier par surprise.

Aladdin a été considérablement plus acteur de sa réussite que dans la première partie, même s’il reste fortement aidé par les génies et la princesse.

Final union, completion and fulfilment

L'antagoniste est vaincu. Notre protagoniste a obtenu définitivement sa princesse ou son prince. Il reçoit une dernière récompense et s'ensuit en général un futur à la "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants".

Dans le cas d'Aladdin, son mariage avec la princesse Badroulboudour est heureux et des années plus tard, Aladdin deviendra le nouveau sultan.

7NP rags to riches structure

Comme annoncé il y a quelque temps, je compte utiliser la structure d'Aladdin portée dans l'univers de Néo-Paris.

Le prénom, qui peut encore changer, de notre protagoniste sera Enzo (j'ai besoin d'un truc qui sonne populaire).

Le génie de la lampe sera joué par une ASI (Artificial Super Intelligence) créée par le personnage récurrent Proph3t (voir le billet précédent). On part du principe que, dans l'univers de 7NP, la recherche sur les intelligences artificielles n'a rien donné de plus que ce que l'on connaît déjà à cause d'un manque de piste de recherche (l'IA générative étant un cul-de-sac) et d'une réglementation très stricte imposée par certains acteurs majeurs. (Dont notamment par le technomessie, qui sera un autre personnage récurrent. Imaginez un certain gourou facho de la tech qui tourne encore plus mal que dans la réalité et tout ça relevé à la sauce cyberpunk). L'ASI "génie de la lampe" sera donc quelque chose d'unique dans cet univers.

Le sorcier africain sera remplacé par un corpo (corporate) dans la plus pure tradition cyberpunk. C'est-à-dire un cadre supérieur dans une quête frénétique d'ascension hiérarchique dans sa corporation et qui ne reculera devant rien pour obtenir ce qu'il veut. Ce genre de personnage utilise en général un nom d'emprunt générique (Mr. Johnson en anglais, en français M. Dupont c'est bof, mais il y a des alternatives comme M. Martin). En tant que cadre de corpo, il a accès à certains moyens, mais ne il ne doit pas faire de vagues pour ne pas trop attirer l'attention de ses supérieurs et risquer de se faire confisquer "le génie" après son obtention.

Initial wretchedness at home and the "Call"

Enzo vit dans un ghetto de Néo-Paris (voir le point world building dans le billet précédent). Il est le fils de recycleurs artisanaux de batteries au lithium (ou un truc dans le genre). C'est un jeune garçon turbulent que ses parents ne parviennent pas à éduquer et qui a de mauvaises fréquentations. Il passe son temps à courir les rues de ghettos de Néo-Paris, fan de parkour, il a une petite réputation dans son quartier. Cette passion a au moins le mérite de l'éloigner des gangs qui recrutent à tour de bras.

Son père meurt d’un cancer fulgurant dû à son activité. Cet événement porte un coup à Enzo mais cela n'infléchit en rien sa trajectoire. Sa mère peine à les nourrir tous les deux.

Un jour, un corpo, M. Martin, accoste Enzo. Il a besoin de quelqu’un “comme lui” pour effectuer "le job du siècle" : facile et qui paie bien. Dans un premier temps, Enzo essaie de l’éconduire. Les corpos ont mauvaise réputation. Il croit alors qu’il s’agit d’une sordide histoire sexuelle.
M. Martin lui explique qu’il a besoin d’un homme de main avec ses compétences : un coureur. Ce serait une porte d’entrée pour lui dans le monde des corpos. Dans un premier temps il n’aurait qu’à effectuer quelques missions de récupérations parfaitement légales pour lui. Discrètement (pour ne pas attirer la concurrence) et rapidement. Enzo reste suspicieux, mais le salaire de corpo (et les avantages) qu’il lui propose est très attirant. M. Martin lui laisse une journée pour se décider. Après quoi, il cherchera quelqu’un d’autre.

De retour chez lui, Enzo apprend que sa mère est malade, probablement du même mal qui a terrassé son père. Les traitements existent, mais ils sont inaccessibles pour des personnes vivant dans les ghettos. En devenant un corpo, il aurait accès à une couverture santé qui pourrait couvrir sa mère. Le lendemain il accepte le job de M. Martin.

Out in the world, initial success

M. Martin lui donne rendez-vous quelques jours plus tard. Il l’emmène dans une friche industrielle, jusqu’à un accès menant à un gigantesque réservoir d'assainissement souterrain. Un enchaînement de poutrelles et obstacles métalliques permet de s’y introduire et de le traverser. M. Martin et ses hommes de main habituels ne peuvent pas s’y rendre, il y a là-dedans des perturbations électromagnétiques qui perturbent fortement leurs implants cybernétiques et les neutralisent, les rendant ainsi impotents. Enzo, lui, n’en a pas et a les capacités physiques de traverser le réservoir sans faire une chute mortelle qui le conduirait à la mort.

M. Martin lui ordonne donc de traverser le réservoir. Il y trouvera un conduit enterré qui le mènera à une cache de matériel. Là-bas il y trouvera un antique smartphone qu’il doit ramener à tout prix. Sous aucun prétexte, il ne doit toucher à quoi que ce soit d'autre. Il doit également se dépêcher. Enzo et le M. Martin sont sur le territoire d'un gang très actif, à proximité de leur QG. Ils doivent déguerpir avant de se faire repérer.

Enzo s’engage dans le réservoir et atteint la cache de matériel. Imaginez la scène du Graal dans Indiana Jones et la dernière croisade : une salle remplie de matériel high-tech clinquant et hors de prix. Mais la seule chose qu'il doit récupérer et la pièce la plus vieille et la moins attirante : le vieux smartphone du siècle dernier. Il réussit à récupérer l’artéfact sans problème sérieux.

Mais pour ressortir, il doit escalader une paroi très glissante. Il ne pourra pas y arriver sans que M. Martin l’aide à monter. Mais ce dernier demande à d’abord récupérer le smartphone. Enzo refuse. Il veut d’abord qu’il l’aide à sortir. Des membres du gang se font entendre s’approchant de l’endroit. À court de temps, M. Martin abandonne Enzo et s'enfuit. Au loin Enzo entend des cris, puis des bruits d’armes automatiques.

Enzo est bloqué. Il ne peut pas sortir du réservoir. Glisser au fond de la cuve signifierait la mort. Il ne voit pas d’autres sorties.

Il s’intéresse donc au smartphone antique. À cette extrémité du bassin, les perturbations magnétiques semblent être moindres. Il arrive à l’allumer. Une voix lui demande ce dont il a besoin. Enzo pense qu’il s’agit d’un simple agent conversationnel. Déçu, il lui demande tout de même, sans attendre de réponse, un moyen de sortir du bassin. La voix lui répond par l’affirmative. Quelques minutes plus tard, un drone lourd de travaux, détourné d’un chantier voisin, vient l’aider à se hisser du bassin.

Enzo découvre qu’il ne s’agit pas d’un banal agent conversationnel, mais d’une véritable intelligence artificielle qui ne semble connaître aucune limite.

Grâce à cette ASI qui semble pouvoir manipuler le cyberspace à sa guise, Enzo crée une nouvelle identité numérique pour lui et sa mère. Il l’a fait bénéficier du meilleur système de santé privé existant. Grâce aux soins auxquels elle a désormais accès, elle est vite guérie de sa maladie. Toujours grâce à l’ASI, Enzo s’approprie un des nombreux manoirs vacants dans un quartier privé pour ultra riche. Puis il obtient l’accès aux meilleurs cyberprogrammes d'éducation.

Un jour, lors d’une soirée de la haute société à laquelle Enzo s’est invité, il rencontre Louise, riche héritière d’une grande corporation. Il en tombe amoureux.

Entre un natif du ghetto une héritière de l'oligarchie, les barrières sociales sont normalement infranchissables. Heureusement, grâce à l’ASI, Enzo arrivera à se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Il réussit à séduire Louise, puis, une année plus tard, à obtenir sa main.

The central crisis

Le mariage d’Enzo avec Louise le fait sortir de l’anonymat qu'il avait réussi à préserver jusque là. L'histoire arrive jusqu'aux oreilles de M. Martin qui comprend qu'Enzo n'a pu arriver à cette position sociale que grâce à l'ASI.

Grâce à son réseau, il se fait introduire auprès de Louise dans leur manoir à un moment où Enzo n’est pas là (le corpo l’a invité à un faux repas d’affaires pour le faire sortir de sa tanière, dans un endroit ne permettant pas de garder le smartphone sur lui ?). Il se fait passer pour un ami de la famille d’Enzo, parlant de ses parents pour convaincre Louise. Il dit être un riche collectionneur amateur de pièces de technologie du début du siècle. Il arrive à lui faire croire qu’Enzo a trouvé et mis de côté pour lui un smartphone de cette époque, un très vieux modèle obsolète depuis des décennies. Louise se laisse convaincre. Elle a en effet remarqué qu’Enzo avait exposé un objet correspondant à cette description dans son bureau. Elle le lui concède donc, pensant bien faire.

Grâce à l’ASI, M. Martin détruit la fausse identité d’Enzo et révoque tous les accès qu’il s’est octroyés (notamment à son logement, ses véhicules). Puis il utilise l’ASI pour détourner le véhicule autonome qui convoyait Louise à une sortie pour la prendre en otage. Il la confie à une équipe de mercenaires embauchés pour l'occasion (le chef des mercenaires est Oni, protagoniste de l'histoire "overcoming the monster"). Il compte servir d'elle comme monnaie d’échange avec sa famille. (un classique chez les corpos)

M. Martin fait courir la rumeur qu’Enzo est à l’origine de l’enlèvement. Quand ce dernier retourne à son manoir auquel il n’arrive plus à accéder (et après avoir dû rentrer raccompagné par un ami, car son véhicule ne voulait plus s’ouvrir), il est accueilli par des agents de sécurité de la famille de sa femme qui ont pour ordre de le capturer et de le faire parler.

Il est conduit dans une planque discrète un quartier des ghettos pour y être passé à tabac. Une chance pour lui, il se trouve que c'est son quartier de naissance. Enzo, depuis qu'il a récupéré son ASI, n'a pas oublié d’où il venait. Il se rendait régulièrement dans son quartier de naissance pour aider les siens. Aussi y a-t-il gagné une réputation.

Des personnes l’ont reconnu alors qu’il était conduit de force dans la planque des mercenaires. L’information a circulé et un imposant groupe s'est formé pour venir le libérer. Les agents de sécurité de la famille de Louise sont obligés de se replier face au nombre des assaillants. (ce sont de simples agents de sécurité et pas des mercenaires qui, eux, n'auraient pas hésité à tirer dans le tas).

Depuis qu'il a récupéré l'ASI, Enzo a appris beaucoup de choses et notamment sur comment l'ASI arrivait à hacker le cyberspace pour atteindre ses objectifs. Il a consacré une grande partie de son temps éducatif à monter en compétence sur ces sujets et il se trouve qu'il a acquis un certain niveau en la matière. Il est loin d'avoir les capacités et la rapidité d'exécution de l'ASI, mais il se débrouille tout de même.

Il ne peut pas récupérer ses biens de lui-même, mais il peut hacker les caméras de surveillance de son manoir pour découvrir ce qu’il s’y est passé. Il découvre les agissements de M. Martin et arrive à retracer le trajet effectué par Louise, jusqu'à son kidnapping. Il obtient une image des geôliers qui la gardent en otage. Il présente ses découvertes aux agents de sécurité qui l'avaient capturé et demande leur aide pour sauver Louise.

Ces derniers transmettent les informations à la famille de Louise qui recrute à son tour une équipe de mercenaires, mieux équipés pour la mission à venir.

Bagarre de mercenaire, Enzo retrouve Louise. Il est bien obligé de lui avouer qu’il n’est pas un héritier de l'oligarchie. Elle répond qu’elle l'avait bien remarqué, il n’en a pas du tout les manières ni l’éducation. Mais cela ne l’a pas empêchée d’être intriguée par lui ni de tomber amoureuse. Elle n'est pas plus vexée que ça par la supercherie (la supercherie est la base des relations chez les oligarques).

Enzo met au point son plan pour récupérer l'ASI. Il demande à la famille de Louise de faire une proposition à M. Martin qu'il ne peut pas refuser : les parts d’une des sociétés les plus importantes qu'ils possèdent. Les parts sont matérialisées par des titres au porteur gardé sous coffre. Seul système de propriété qui ne peut pas être piraté.

M. Martin tombe dans le panneau et accepte. Il appelle ses mercenaires pour faire conduire Louise à un point de rendez-vous, il ignore qu’il ne parle pas à ses hommes, mais à ceux recrutés par la famille de Louise. M. Martin utilise l’ASI pour vérifier que le lieu de rendez-vous n'est pas une embuscade, mais il ne pense pas à vérifier que ce sont bien ses hommes qui l'attendent dans le véhicule où est censée être Louise.

M. Martin est capturé et exécuté froidement par les mercenaires. Enzo récupère son ASI.

Independence and the final ordeal

Enzo se réapproprie ses biens (qui ne manquaient à personne) et continue d'œuvrer pour le bien, sans faire trop de vagues pour ne pas nuire aux intérêts de la famille de Louise.

Extra : Quelques années plus tard, il deviendra le nouveau Proph3t (celui-là même qui intervient dans "overcoming the monster") après avoir découvert que ce pseudonyme se passe de personne en personne (un peu comme un costume de superhéros) et que l'ASI a été créée par le premier Proph3t.

Épilogue

J'aime beaucoup cette structure et j'ai hâte de la rédiger. J'aimerais bien que le personnage de Louise ne soit pas la potiche qu'est la princesse Badroulboudour dans Aladdin. Il va falloir que je garde ça en tête.

Si vous êtes arrivés jusque là, GG & merci d'avoir pris le temps de me lire ! 😊
Si je continue à suivre l'ordre de The Seven Basic Plots, le prochain billet devrait parler de la structure de la quête. En attendant, n'hésitez pas à mettre un commentaire ! (Je viens d'ajouter un système de commentaires).

FIN.

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